Neuvième art

Abélard, l’intégrale Dillies et Hautière.

Il y a quelques semaines paraissait l’intégrale d’Abélard et inutile de dire que mon blogueur préféré m’avait annoncé cette nouvelle en sachant pertinemment que j’allais acheter ce titre si cher à mon cœur… Un tour chez Bulle en stock samedi avec mon amie  Soizic et le voilà mien en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire… Que voulez- vous, je ne pouvais pas résister, d’autant que ce titre a marqué mon entrée dans « le monde de la BD » et qu’il m’a mis une violente gifle qui pique encore un peu. Et puis, je ne le dirai jamais assez, j’aime Abélard et ne compte plus le nombre de fois où je l’ai offert… Pour l’occasion, je publie de nouveau ma chronique restée sur l’ancien blog… J’ajoute à cela que cette intégrale nous réserve quelques pages supplémentaires, veinards que nous sommes, puisque nous disposons des extraits des carnets de recherche : ou comment prolonger notre plaisir l’espace de quelques dessins.

« Personne n’est innocent ! On est tous coupable de quelque chose !

Hommes, femmes, tous ! Sauf peut-être les enfants.

Mais les enfants sont des cons. »

(Ndlr: Le génie tient donc en cinq phrases.)

Abélard (rebaptisé Abdelard par Elise) est un petit canard, tout ce qu’il y a de plus charmant. Chaque matin, il trouve dans son chapeau, une petite maxime, un conseil, un aphorisme qu’il interprète, essaie de comprendre et qui va aussi guider sa vie et ses choix. Il vit près d’un marais avec ses camarades et passe son temps à pêcher ou à jouer aux cartes. Une vie douce, calme et tranquille dans un univers très masculin. Mais un jour, il croise Epilie, femme fatale aux formes généreuses qui le trouble. N’étant que de passage, elle finit par quitter le marais. Attristé, il décide de trouver le cadeau qui la fera revenir et qui saura la séduire : et pourquoi pas une étoile trouvée en Amérique? Un premier voyage commence, ce petit candide vit sa première errance. Il découvre le monde et l’interroge, le questionne sans cesse avec une naïveté qui émeut autant qu’elle nous fait sourire. Il découvre toute la noirceur du monde et n’admet qu’à demi-mot la cruauté des êtres. D’un optimisme à toute épreuve, il rencontrera un ours bourru on ne peut plus désenchanté, au langage souvent cru qui va devenir son compagnon de voyage…

  » Avant d’admettre l’absurde, on épuise toutes les solutions. »

Le second tome débute avec les préparatifs du voyage : rien ne se passe comme prévu pour Abélard qui embarquera avec bien des difficultés. S’en suit une traversée à huis clos sur ce grand navire qui va gagner la belle Amérique. L’ours désabusé et le petit canard partageront une même cabine et une belle amitié va naître. Aux antipodes l’un de l’autre, ils vont pourtant s’accorder à merveille. Et cela tombe plutôt bien  » Si deux hommes ont toujours la même opinion, l’un deux est de trop« .

J’ai sans conteste atteint avec cette histoire un degré d’émotion inégalé en terme de lecture BD et il m’est vraiment difficile de trouver les mots justes pour vous transmettre tout le plaisir que j’ai ressenti à la découvrir. A travers une histoire simple et douce, Régis Hautière dépeint la liaison dangereuse et sublime de toute la cruauté et de toute la beauté du monde. Renaud Dillies quant à lui, offre à la naïveté la plus belle des incarnations avec ce magnifique personnage d’Abélard qui ne peut pas vous laisser indifférents.

Ouvrir et lire ces deux tomes, c’est être forcé d’admettre qu’en effet, tout n’est qu’une brève histoire de poussière et de cendre, c’est comprendre qu’un jour, on puisse vouloir partir sans réfléchir pour quelqu’un qu’on aime, c’est recevoir une grosse claque, c’est se prendre Abélard en pleine face et ne jamais s’en remettre tout à fait.

« Chaque illusion perdue est une vérité retrouvée. »

TOP BD Yaneck  /20
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Le sublime s’est fait BD

Abélard, Hautière et Dillies

Parution : 6 septembre 2013

144 p / 24.95€

EAN : 9782505018001

Chez Dargaud

48 réflexions au sujet de « Abélard, l’intégrale Dillies et Hautière. »

  1. Elle est belle cette intégrale mais le format plus petit me gêne. J’ai failli la prendre jeudi dernier mais je préfère garder les deux tomes d’Abélard dans leur beau coffret accompagné d’une jolie carte postale.

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    1. Moi je voulais les deux… Vile consommatrice que je suis…
      J’aime ce petit format aussi, il a quelque chose de charmant. Et si je veux voir les choses en grand, j’ai aussi le merveilleux coffret…
      (Rendez-vous mercredi)

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