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Se résoudre aux adieux…

La Fontaine à la Boule bleue...
La Fontaine au festival de la Boule bleue…

L’histoire commence il y a trois ans.

J’entre à pas feutrés dans un lieu coloré où je me sens très vite chez moi. Derrière le comptoir, cette grande dame brune. Ma grande dame brune. Nathalie est débordée, au milieu des cartons qui doivent être triés, enregistrés : réjouissances quotidiennes pour cette nouvelle libraire qui rayonne malgré tout, tant elle se sent bien dans ce bel endroit. Quelques heures devant moi, je lui propose alors mon aide, elle accepte aussitôt et très vite, je sais que cette femme va prendre une importance considérable dans ma vie.

Livres ambulants.
Livres ambulants.

Ma libraire est une grande brune. Ma libraire est une femme exceptionnelle, comme on en trouve peu.

Ma libraire, je l’aime d’amour. Ma libraire, est aussi une de mes meilleures amies.

Je l’aime  pour ses petits « dites-moi » chantants qu’elle offre à ses lecteurs pas toujours agréables, pas toujours sûrs de leurs demandes ou de leurs besoins.

Je l’aime pour sa capacité à sourire même quand au fond, là, juste à l’intérieur, elle hurle.

Des notes et des mots...
Des notes et des mots…

J’aime son goût certain pour la musique qui envahit son petit monde de livres, pour les notes qui enrobent les ouvrages qui nous attendent sur les étagères. Pour Zôtches, Barbara, Agnès Obel.

J’aime ma libraire pour son engagement inconditionnel, pour son implication sans faille et son amour de ce lieu qui m’est cher.

J’aime quand, débordée, elle avoue avoir du mal à suivre les sorties littéraires.

J’aime retrouver les livres dont je lui parle sur ses étagères.

J’aime ses vieux fauteuils en rotin, ses chaises en bois et son petit coin pour boire le thé.

J’aime ce lieu où j’ai partagé tant de moments avec les gens qui font partie de ma vie : dédicaces, vernissages, retrouvailles qui font (trop) battre le cœur.

J’aime savoir que l’origine de mes nombreux découverts n’était pas sans lien avec cet endroit.

J’aime avoir parfois pris place derrière le comptoir pour te dépanner. J’aime avoir été présente à tes côtés pour les salons du livre.

J’aime ma libraire pour la ferveur qu’elle a mise dans ce si beau projet, dans cette ville qui lit si peu.

J’aime ma libraire pour avoir maintenu la tête hors de l’eau quand ceux qui n’y croyaient plus la tiraient vers le bas ou attendaient passivement l’heure de la chute.

Ma libraire est une de mes meilleures amies et, j’écris ces mots le cœur en miette. La semaine dernière, sa jolie Fontaine a fermé ses portes. L’affiche, insolente, est sans appel : Fermeture définitive.  Sa librairie, son doux refuge, mon autre chez moi ne sera plus. Notre ville perd un des plus jolis lieux qui soit ici et n’a pas conscience de ce que cette fermeture révèle… Ma Nathalie, ce projet était fabuleux et tu as su lui donner toute la grandeur et la beauté qu’il méritait. Merci, mille fois merci.

Alors pour dire au revoir à notre belle Fontaine de Castalie, nous avons mis les livres dans les cartons histoire de les faire voyager un peu. Ils ont passé le week-end au Festival de la Boule bleue de Roisel, et nous n’avons pas trouvé de plus jolie manière de tourner les dernières pages… Des livres, des amis, de la musique, pour se résoudre aux adieux…

Si toi aussi, tu as envie d'être une basse en voyant cette photo...
Festival de la Boule bleue
Si toi aussi, tu as envie d’être une basse en voyant cette photo…
Mystic Soul Train

Pour vos oreilles : La dame brune

43 réflexions au sujet de « Se résoudre aux adieux… »

  1. Une librairie qui se ferme, c’est un espace de liberté, de culture, de découvertes qui s’éteint!! Je compatis a ta peine et à celle de la dame brune…

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  2. C’est émouvant. Quel bel hommage à ta libraire. J’espère que ton amie va rebondir et garder cet amour des livres. Je pense fort à Clémentine, une amie, qui veut se lancer. Gardez toutes courage 🙂

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  3. C’est désolant, toutes ces fermetures.
    La librairie que je fréquentais avant de déménager a fermé aussi.
    Ici, la seule vraie librairie n’est pas accueillante du tout, on n’y trouve presque rien, et les gérants ne sont pas très sympathiques… alors je me tourne vers la maison de la presse pour commander les livres de mes élèves.

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  4. Magnifique texte. Mais c’est vraiment triste pour les petites librairies 😦 j’ai fais un stage l’annee dernière dans une librairie et le libraire ne voulait pas au début car il ne pouvait pas se permettre de payer un employé, il avait déjà trop de mal à ne pas fermer. Du coup, stage non-payé. C’est vraiment triste d voir toutes ces librairies fermer…

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  5. Les librairies qu’on aime et qui ferment, j’ai connu ça trop de fois… le métier est difficile, c’est triste… heureusement les amis restent, malgré tout, ils tiennent tous une bonne place dans nos cœurs, malgré tout, et leurs projets aussi, malgré tout.

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  6. ça me fend le coeur de lire tout cela. Je sentais bien, à lire tes mots, que la nouvelle qui allait tomber serait bien triste, et je me disais intérieurement que non, un si bel endroit, si joliment décrit sous ta plume (clavier), un endroit qui fait rêver, un endroit qui est d’ailleurs mon rêve de travail, ne peut pas fermer, ce n’est pas possible… Comment cela peut arriver ? Pourquoi les gens ne comprennent pas qu’il faut faire quelque chose pour sauver ces commerces, leur donner une chance ? Pourquoi cela n’intéresse personne, pourquoi les personnes qui gagnent des millions préfèrent dépenser leur pognon pour des choses futiles au lieu de se faire mécène, bienfaiteur, sauveur… Je suis de tout coeur avec Nathalie, ta grande dame brune, à travers tes mots elle a touché mon coeur et j’espère qu’elle rebondira car elle le mérite. Mes pensées pour elle et pour toi…

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  7. Très joli billet, mais quelle triste nouvelle…
    Ces librairies sont tellement peu nombreuses, c’est une grande perte de les voir se fermer une à une. Surtout celle-ci qui, grâce à toi, nous semblait si familière.

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  8. Un très bel hommage, touchant, plein de pudeur et de douceur.
    On a envie de rencontrer Nathalie et de la remercier, de la serrer contre soi et de lui dire que fermeture ne rime pas avec échec.
    Il FAUT soutenir les petites librairies de quartiers, garder vivants ces espaces de partage, de vie, de solidarité et de savoir.

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  9. Un déchirement… j’ai connu ça l’an dernier. Impossible de s’en remettre, ce sont des lieux auxquels nous sommes viscéralement attachés. Si tu savais comme je comprends ta tristesse.

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  10. Tu as su trouver les mots justes pour cet endroit qui nous manquera si fort… Mais comme je le disais hier à notre dame brune, La Fontaine, c’était d’abord de merveilleuses rencontres et sa fermeture ne changera rien aux amitiés qui y sont nées. Je ’embrasse ma belle.

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  11. oh, c’est à la fois triste et tellement touchant ton hommage, qu’est-ce-que j’aimerais avoir une librairie comme ça dans ma ville (même Plein Ciel a fermé chez nous, c’est dire!). Je souhaite beaucoup de courage à ton amie pour rebondir! bises!!

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  12. Chère Camille, je reviens sur la blogosphère après une longue absence (coupure Internet oblige) et quelle triste nouvelle j’apprends! Mon coeur se serre pour Nathalie et je te remercie d’avoir si bien dit ce que ce lieu représente pour la ville et pour nous tous. Heureusement qu’on en garde tous un morceau chez nous! A vite de tes nouvelles et toutes mes meilleures pensées pour « la grande dame brune ».

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  13. C’est super triste! Comme je serais malheureuse si il arrivait la même chose à ma librairie! Un commerce comme ça, cela devrait être comme les boulangeries: à tous les coins de rue et il y aurait la queue devant le samedi et les jours de marchés…

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  14. TRISTE !!!! C’est pourquoi je continue d’aller chez des libraires indépendants et non dans des grandes enseignes. Leurs conseils sont toujours appréciables, la discussion possible sur des lectures communes, parfois même des livres offerts… bref pour tout ça j’aime ces petits lieux magiques.

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  15. Je comprends ta tristesse, je ressentirais la même si mes libraires chéries, venues reprendre le flambeau de la librairie locale, devaient à leur tour fermer boutique. J’espère que des passionné(e)s viendront à nouveau faire revivre La Fontaine !

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    1. Et parfois je relis ce que tu as écris, en réalisant que c’était la plus belle chose qui pouvait exister. Et je me dis que c’est mon plus beau souvenir, et que c’est la chose qui me manque le plus. Mais je suis heureuse en y repensant, avec toujours une petit pincement au cœur, parce que c’est un merveilleux souvenir, qu’on ne pourra jamais oublier.
      Louise

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